Convaincu de la nécessité d’agir dans et sur le monde, l’Occident a élaboré au fil des siècles l’idéal de l’homme d’action. Cette soif d’action est liée à la conscience d’avoir prise sur les événements comme d’ailleurs sur la nature. La pensée chinoise ne connaît pas ce clivage d’un sujet activiste et d’un monde considéré comme objet. Terre et Ciel, yin et yang : la relation entre les termes d’un couple n’est pas d’opposition ni de contradiction mais plutôt de complémentarité. Partie intégrante de l’univers, l’homme chinois ne se situe pas à l’écart du monde afin de mieux le penser et le transformer. Le « non-agir » est à l’honneur dans les propos des penseurs et des hommes politiques, quelle que soit leur école de pensée : confucianiste, taoïste, bouddhiste. Comprendre les lois du réel, tant physiques que morales, et s’y conformer : telle est la clé de l’équilibre et de l’harmonie. Immobile et silencieux, le Sage « agit selon le non-agir ».
Docteur en philosophie ancienne et titulaire d’une maîtrise de langue et civilisation chinoises, Ivan P. Kamenarovic a enseigné la pensée chinoise dans le cadre du Département de Philosophie de Paris IV Sorbonne.
Ses recherches et ses publications portent notamment sur les traditions de pensée des lettrés chinois, en particulier en relation avec les arts, ainsi que sur les perceptions occidentales de la culture chinoise.