"Pour qu’un châtiment ne soit pas un acte de violence d’un seul ou de plusieurs, contre un citoyen, il doit être public, prompt, nécessaire, le moins rigoureux possible, proportionné au délit, et fixé par les lois."
Inspiré par les philosophes des lumières, Beccaria interroge le système judiciaire et pose les fondements d'une justice moderne telle qu'elle doit être observée dans un pays démocratique. Ainsi, il postule la nécessité de proportionner les délits et les peines, et plaide pour une justice qui prévient le crime et ne se focalise pas uniquement sur la sévérité de la sanction qui doit être appliquée. En outre, Beccaria apparait ici comme étant farouchement opposé à la peine de mort et à la torture, pratiques qu'il qualifie de barbarie.
Cette édition annotée est suivie par un essai de Voltaire intitulé : Commentaire sur le livre des délits et des peines par un avocat de province.
Extrait :
La peine de mort est encore funeste à la société, par les exemples de cruauté qu’elle donne aux hommes. Si les passions ou la nécessité de la guerre ont appris à répandre le sang humain, les lois, dont le but est d’adoucir les mœurs, devraient-elles multiplier cette barbarie, d’autant plus horrible qu’elle donne la mort avec plus d’appareil et de formalités ? N’est-il pas absurde que les lois, qui ne sont que l’expression de la volonté générale, qui détestent et punissent l’homicide, ordonnent un meurtre public, pour détourner les citoyens de l’assassinat ?
Quelles sont les lois les plus justes et les plus utiles ? Ce sont celles que tous proposeraient et voudraient observer, dans ces moments où l’intérêt particulier se tait ou s’identifie avec l’intérêt public.
Quel est le sentiment général sur la peine de mort ? Il est tracé en caractères ineffaçables dans ces mouvements d’indignation et de mépris que nous inspire la seule vue du bourreau, qui n’est pourtant que l’exécuteur innocent de la volonté publique, qu’un citoyen honnête qui contribue au bien général, et qui défend la sûreté de l’état au-dedans, comme le soldat la défend au-dehors.