En 1990, à D’kar (Botswana), était créé le premier projet d’art à destination des populations san naro du Kalahari : le Kuru Art Project. De ce projet allait émerger un mouvement artistique de portée internationale, désormais connu sous le nom d’art san contemporain. À partir d’une ethnographie détaillée, Entre désert et toile raconte comment l’art est venu à D’kar et a transformé les pratiques et les modes de représentation, mais aussi le regard porté sur celles et ceux que la culture populaire avait jusqu’alors fait connaître en Occident en tant que chasseurs-cueilleurs nomades ou « Bushmen ». Combinant documents ethnographiques et historiques, il retrace les mouvements circulatoires inhérents à la création et à la diffusion de ces oeuvres sur les marchés de l’art internationaux.
Médiations, traductions, rapports de pouvoir : ce livre questionne également les enjeux propres à l’ethnographie d’un processus créatif en contexte postcolonial. Comment maintenir une pratique ethnographique sans se retrouver soi-même engagé dans une dynamique qui impose aux images ses propres codes ? Et dès lors, quelle forme lui donner ? Ces questions amènent l’auteure à développer, dans la dernière partie de l’ouvrage, un portrait fragmentaire et sensible d’une artiste du Kuru Art Project, Coex’ae Bob. À partir d’une démarche collaborative, l’ethnologue et l’artiste y proposent une déambulation entre tableaux, plantes, textes et images, où se dessine une relation intime au Kalahari d’aujourd’hui.
Préface de Nathalie Heinich