Ces deux nouvelles furent écrites en 1896 et 1898, juste avant et pendant la relation amoureuse de Lou Andreas-Salomé avec Rainer Maria Rilke.
Un même thème les parcourt : le choix pour une femme de la liberté, sans réserve, au mépris du danger — liberté d’aimer ou de ne pas aimer, hors conventions, liberté de créer — et la traversée des chemins qui y mènent. Traversée de ce qui tue la passion et représente une tentation masochiste pour les femmes : le mariage. Antérieures à ses textes psychanalytiques maintenant bien connus, ces deux nouvelles sont les premiers textes romanesques de Lou Andreas-Salomé jamais publiés en France.
« Max Werner s’assit au hasard à côté d’une jeune Russe qu’il voyait pour la première fois, – il ne comprit pas son nom compliqué lors de la présentation, mais on l’appelait tout simplement, quand on lui parlait, « Fénia » ou « Fénitchka ». Dans sa petite robe noire de nonne, qui enserrait discrètement et d’une manière comiquement peu parisienne sa taille moyenne et devait être le costume favori des étudiantes zurichoises, elle ne lui fit tout d’abord aucune impression particulière. […] Seuls lui plurent, en Fénia, les intelligents yeux bruns qui jetaient sur toute chose un regard ouvert et clair. »