Héloïse, qui épousa en secret Pierre Abélard, grand maître en Théologie à Notre-Dame de Paris, nous laissera toujours à l’esprit l’image d’une conception peu ordinaire de l’amour charnel.
Abbesse et fondatrice du Paraclet, on peut la considérer comme la première femme de lettres du haut Moyen-Âge. Intellectuelle, érudite, mais aussi passionnée et follement amoureuse, elle ne vécut que dans l’idée de prolonger le grand élan « de cœur et de corps » qu’elle eut pour Abélard.
Sa vie est un long roman. L’ensemble de la correspondance amoureuse qu’elle a laissée demeure le prototype du roman d’éducation sentimentale qui s’illustrera plus tard, outrepassant la littérature courtoise pourtant en vogue à son époque.
Toute sa vie, elle sera submergée par des images sensuelles, osées, dégagées de toute entrave, relevant d’une passion charnelle contrariée par Abélard. Car celui-ci, mutilé dans sa virilité, et enfermé dans son propre monastère, n’est pas homme à se contenter des mots ardents et déchaînés que lui adresse Héloïse.
Mais pour la jeune abbesse, le « péché de chair » qu’elle entretient dans ses lettres se transforme en un lien spirituel et, à ses yeux, devient symbole de pureté.