LE DÉVELOPPEMENT CONTEMPORAIN du champ d’analyse des problèmes sociaux se heurte à une difficulté récurrente : rendre compte de phénomènes qui mettent radicalement en tension les pratiques et les discours dominants, tels que la mort, la folie, l’excès, l’errance. Comment nommer et définir ce qui, a priori, est inclassable, innommable et ingouvernable ? Comment intervenir sur des problèmes aux contours flous, qui relèvent des domaines social, médical et pénal ? Comment décloisonner le silo des services ou conjuguer les expertises pour saisir des situations qui ne sont liées ni à l’un ni à l’autre de ces domaines de pratique ?
C’est pour prendre à bras-le-corps ces figures innommables, inclassables et ingouvernables qu’ont été conviés à contribuer au présent ouvrage des auteurs en sciences sociales (sociologie, travail social, anthropologie) et spécialistes d’objets de recherche variés (itinérance, toxicomanie, santé mentale, soins palliatifs, mouvements sociaux, aide à l’enfance et à la famille). En analysant de front ce qui échappe aux théories et résiste aux pratiques dominantes, ils attirent l’attention sur le caractère problématique du vivre-ensemble au sein duquel « l’autre », sous ses diverses failles et vulnérabilités, se débat contre les frontières normatives du social.
Ce livre s’adresse aux chercheurs en sciences sociales et aux divers acteurs de la pratique œuvrant dans le domaine des problèmes sociaux.