« Si je prends l’habitude d’écrire des bribes de ce qui se passe, ou plutôt ne se passe pas, je pense que je perdrai peut-être un peu de ce sentiment de solitude et de désolation qui ne me quitte pas. [...] Je ferai au moins tout ce que je voudrai et ce sera sans doute une issue à ce geyser d’émotions, de rêveries et de pensées qui fermente perpétuellement dans ma pauvre vieille carcasse pour mes péchés ; voici donc mon premier journal. » A.J.
Alice James, sœur de Henry James, a commencé son « Journal » en 1889, à l’âge de quarante ans. Elle l’a tenu régulièrement pendant trois ans, jusqu’à sa mort en 1892. Pendant les derniers mois de sa longue maladie, elle le dicta à Katharine P. Loring, sa compagne, son amie fidèle, à qui l’on doit aujourd’hui la sauvegarde de ce texte. Il fallut attendre 1934 pour que le « Journal » d’Alice James soit enfin édité aux États-Unis. Ce document bouleversant témoigne de la force de vie et d’intelligence d’une femme condamnée, parce que femme, à ne pouvoir l’exprimer librement.