Le train de 19 h 05 quittait lentement la capitale sous la protection de hauts immeubles aux fenêtres lumineuses. Plongée dans la pénombre d’un morne automne, la voiture n° 17 respirait la tristesse.
Dans moins de quatre heures, je serais chez moi, parmi les miens, dans ma Vendée natale. Je faisais le voyage chaque mois. Le plus souvent seul. D’ordinaire, je m’intéressais peu aux passagers, pas même à la personne assise à mes côtés. Le journal Le Monde me tenait compagnie
jusqu’à Angers. Un livre de poche prenait le relais. Il m’arrivait de reluquer des femmes qui me plaisaient, plutôt des brunes puisque je suis blond. La réciproque devait être vraie. Je pensais parfois à la rencontre fatale, celle qui chamboule toute une vie. Jusqu’à aujourd’hui, rien de sensationnel ne s’était produit.
Cinq minutes après le départ, venue d’une autre voiture, une jeune femme prit place à ma gauche. Immédiatement, j’eus envie de lui adresser la parole. Elle fumait une gitane sans filtre.
Début de la nouvelle intitulée " Coup de foudre ".