La Faiseuse d'étoiles

Poétique

Très riche en émotions

« La Faiseuse d’étoiles » est prête pour sa mission secrète sur Uranus où elle prendra en charge le grand pinceau de l’univers laissé par son prédécesseur. C’est à elle qu’il reviendra de peindre le ciel et de dessiner tout ce qu’elle découvrira sur cette planète. Le narrateur, petit garçon devenu homme, raconte combien sa mère a tissé un monde de rêves et de mystères pour expliquer son absence prochaine. Comment, pour lui, elle a emprisonné les odeurs dans des boîtes à pique-nique, combien ils ont visualisé un autre univers peuplé d’étranges créatures et de détails pittoresques. En se construisant une mission fictive dans l’espace, Clarisse crée un cadre où l’absence peut être interprétée non pas comme un abandon, mais comme un départ nécessaire pour une cause noble et mystérieuse. Vingt ans plus tard, Arthur devient père à son tour et se souvient… Il prend alors conscience de tout ce qu’un parent peut faire pour protéger son enfant. Les récits de la mère deviennent une boussole et une source de réconfort. Une version audio qui déclenche un tourbillon d’émotions et vient frapper le cœur avec une infinie délicatesse. Le récit est imprégné d’une nostalgie douce comme un rappel constant de l’innocence perdue et des barrières qui se dressent sur les routes escarpées de notre existence. Dès les premiers mots prononcés par Fabian Finkels, j’ai été transportée par sa voix, celle d’un enfant dont l’innocence contraste magnifiquement avec la profondeur des thèmes abordés. L’enfance, avec ses moments de bonheur pur et ses instants de perplexité face au monde des adultes, est décrite avec une justesse qui touche directement au cœur. Les descriptions des scènes familiales, de la relation avec cette mère énigmatique et aimante à l’imagination débordante, créent une atmosphère d’intimité et de tendresse palpable. Mélissa Da Costa nous emporte dans une danse entre le réel et l’imaginaire, où les frontières se brouillent délicieusement. Les mystères qui entourent cette mission secrète dans l’espace deviennent un symbole de connexion puissante entre Clarisse et Arthur, d’espoir et de résilience. « L’aventure spatiale », à la fois fabuleuse et étrange, enveloppe le récit d’un voile de magie qui nous rappelle la capacité de l’esprit humain à s’évader et à rêver au-delà des contraintes terrestres. Quel enfant ne serait pas fier que sa maman devienne « La Faiseuse d’étoiles » ? Le texte invite à une réflexion sur la perte, l’absence, et la manière dont les souvenirs ont le pouvoir d’illuminer même les moments les plus sombres. Mais il propose également une méditation sur les choix que font les adultes pour protéger leurs enfants. Des actes parfois discutables, mais faits ici par amour. La manière dont l’écrivaine capture les petites nuances de la vie quotidienne, les gestes anodins qui prennent une signification immense dans le contexte de la narration, est d’une beauté rare. On ressent viscéralement le lien profond entre le narrateur et sa mère, un lien qui transcende le temps et l’espace. C’est précisément ce lien qui donne au récit sa force émotionnelle, nous rappelant que l’amour et les souvenirs qui en découlent sont les véritables faiseurs d’étoiles, illuminant notre chemin même dans les nuits les plus sombres. « La Faiseuse d’étoiles » est un récit-hommage à la puissance des rêves, à la protection de l’enfance, et à la résilience humaine. C’est un roman qui se ressent autant qu’il s’écoute, et l’interprétation de Fabian Finkels, tout en nuances et en finesse prend aux tripes.