L'existence nous offre mille chemins qui sont autant d'alternatives dans l'arbre des possibles de nos vies. Mais peut-on véritablement échapper à sa destinée, contrarier « ce qui est écrit » ? Même si nous restons libres de nos choix, avons-nous, au final, une totale emprise sur le hasard ou sur ce qui est prédéterminé ? Ne sommes-nous pas également conditionnés par notre propre histoire, par notre éducation ? Et dès lors toutes nos actions sont-elles vaines ? Ne suffit-il pas de se laisser porter par les événements plutôt que de gâcher notre énergie à vouloir en contrarier le cours ? Mais, a contrario, si notre sort semble scellé, ne subsiste-t-il pas malgré tout une part de secret espoir à laquelle se raccrocher ?
Dans son recueil, Frédérick Maurès nous laisse l'illusion de contrôle sur nos petites vies qui dérivent et se déploient pas mal plus dans l’étrange qu’on ne le croit. Pas d’illusion de contrôle sur la plume, par contre. L’écriture est ciselée, jouissive, magnifiquement visualisable, sans sobriété excessive. On sait très bien s’exalter du verbe et de l’exposition dans le micro univers de Frédérick Maurès . La fourmi est petite. Cela ne la rend pas moins complexe et articulée. On n’a même pas besoin de loupe pour s’en aviser. Cet ouvrage ouvragé se lit en un éclair mais reste avec nous un bon moment. N’est ce pas là le lot de toutes les miniatures, quand elles existent, un petit peu obsessivement, pour avoir été gravées à l’eau forte ?