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La maison et l’homme : Histoire sociale de Romont au Moyen Âge

Livre numérique


Au moment où la Peste noire frappe Romont en 1349, la mort et la peur fauchent près de la moitié de la population de cette ville d’environ 1800 habitants. Dix ans plus tard, les effets dévastateurs de cette épidémie sont encore perceptibles mais on décèle déjà les prémices d’une reprise. Face aux crises, la famille, noyau de base de la société, réagit rapidement en trouvant de nouveaux modes d’organisation. Observer l’évolution démographique de la ville de Romont entre 1250 et 1450 par le biais des reconnaissances et des comptes de l’administration savoyarde, c’est prendre le pouls d’une communauté dont le coeur bat au rythme des crises et des épidémies. C’est surtout appréhender la précarité dans laquelle vit la population médiévale. Cette fragilité est compensée par un dynamisme démographique consistant majoritairement en l’afflux abondant d’hommes et de femmes des campagnes environnantes. Entre 1358 et 1438, il s’effectue au moins 800 transactions immobilières à Romont qui compte alors 350 maisons. La maison est un bien qui se vend ou s’échange, bref ne reste pas longtemps dans les mêmes mains. Parallèlement, la population se déplace beaucoup. Ainsi, peu de familles demeurent au même endroit durant plus d’une ou deux générations. Ces familles dites stables ne représentent pas plus de 10 % de la population mais elles accaparent les positions dominantes dans la communauté urbaine. Romont sert de laboratoire à l’élaboration d’un modèle pour l’analyse de la population dans les villes petites et moyennes du Moyen Âge.