Michel Zévaco (1860-1918)
"Lumineuse et claire, cet après-midi d’octobre 1744 semblait une fête du ciel, avec ses vols d’oiseaux au long des haies, ses légers nuages blancs voguant dans l’immensité bleuâtre, son joli poudroiement de rayons d’or dans l’air pur où se balançaient des parfums et des frissons d’automne.
Sur le chemin de mousses et de feuilles qui allait de l’Ermitage à Versailles, – des humbles chaumières au majestueux colosse de pierre, – un cavalier s’en venait au petit pas, rênes flottantes au caprice de son alezan nerveux et souple.
Le chapeau crânement posé de côté sur le catogan, la fine rapière aux flancs de sa bête, svelte, élégant, tout jeune, vingt ans à peine, la figure empreinte d’une insouciante audace, la lèvre malicieuse et l’œil ardent, il souriait au soleil qui, par delà les frondaisons empourprées, descendait vers des horizons d’azur soyeux ; il souriait à la belle forêt vêtue de son automnale magnificence ; il souriait à la fille qui passait, accorte, au paysan qui fredonnait ; il se souriait à lui-même, à la vie, à ses rêves...
Devant lui, à un millier de pas, cheminait un piéton, son bâton d’épine à la main.
L’homme était poudreux, déchiré. Il marchait depuis le matin, venant on ne sait d’où – de très loin, sans doute – allant peut-être vers de redoutables destinées... "
Les débuts romancés de la future marquise de Pompadour qui n'est encore que Jeanne Poisson, une orpheline élevée par Noé et Héloïse Poisson...
A suivre : "le rival du roi"