Qu’en est-il de l’avenir ? Que peut-on anticiper ? Que peut-on espérer et que doit-on craindre ? Ces questions se posent aujourd’hui dans un contexte de perte de confiance dans l’avenir, si ce n’est dans les possibilités techniques qui apparaissent à certains sans limites. Cette impuissance à imaginer un avenir réellement autre entrave évidemment la capacité de concevoir et de réaliser des projets qui puissent en être des ferments.
À la fois essai et ouvrage de synthèse, ce livre cherche à poser les fondements d’une espérance pour notre temps. Il propose au lecteur une démarche réflexive qui, avant d’examiner les contraintes et les opportunités actuelles, prend le temps de mettre en lumière la forme que peut emprunter une telle espérance et d’analyser ses conditions de possibilité.
Sous la forme d’un très long métrage, l’auteur examine d’abord le rapport au temps dans les sociétés prémodernes, qui interprétaient l’avenir à partir d’un mythe d’origine ou d’une révélation provenant d’un au-delà, et dégage les particularités de la société moderne à cet égard. Il critique par la suite tout autant la doxa postmoderniste, qui rejette a priori toute tentative de donner du sens à l’histoire, le simplisme de l’idéologie de la fin de l’histoire à la Francis Fukuyama, que le désespoir sans nuance des visions cataclysmiques à la Hans Jonas. À leur encontre, il plaide pour un espoir instruit des possibilités réelles de la transformation du monde, écartant le paradigme révolutionnaire, ce fruit de l’impatience et de l’affirmation de la toute-puissance du désir qui, au cours des deux derniers siècles, a engagé fréquemment la volonté de changement dans des processus sources de violence, d’échecs et de régressions. Il analyse enfin les principales évolutions sociétales en cours, cherchant à déceler les tendances qui rendent possible une évolution autre de la modernité et à dégager ainsi un horizon d’action.
Car, il n’est pas assuré que les déséquilibres économiques doivent continuer à s’accentuer, précipitant l’économie mondiale de crise en crise, que les États doivent poursuivre leur pratique d’austérité, malmenant le tissu social et économique de leurs sociétés, que l’élargissement et l’amplification des inégalités doivent l’emporter durablement, que les dégâts écologiques doivent s’accroître jusqu’à mettre en danger la planète, que l’insécurité doive se faire endémique, et que les populismes et les autoritarismes doivent prévaloir. Il nous faut ici, et c’est là la principale thèse de cet ouvrage, éviter de nous laisser aveugler par les évènements conjoncturels, et adopter une perspective prenant en compte les processus qui s’inscrivent dans le long terme.