Quelles relations l’histoire et la théorie de l’art entretiennent-elles avec le fantasme ? Et par quels mécanismes – tant psychanalytiques que philosophiques, historiques, sociaux ou politiques –s’articulent-elles au sein des discours sur l’art ? L’autrice, qui s’appuie sur les travaux de la philosophe française Sarah Kofman, aborde cette question en examinant les oeuvres, exemplaires à cet égard, de deux historiens-théoriciens de l’art considérés aujourd’hui comme des figures intellectuelles incontournables : l’Américain Michael Fried et le Français Georges Didi-Huberman.
En étudiant ces deux « cas » de façon approfondie, elle met en évidence la formation de véritables « systèmes fantasmatiques » et, avec une approche psychanalytique et féministe inédite dans le domaine, montre comment le genre et la différence sexuelle – et plus particulièrement les structures et les motifs liés à la féminité ou à l’ambivalence sexuelle – sont des objets de négociations complexes, de conflits et de compromis à l’intérieur même de ces systèmes. À partir des positions hystériques, fétichistes, mélancoliques ou encore paranoïaques adoptées par Fried et Didi-Huberman dans leurs écrits, elle tire des conclusions plus générales au sujet de la théorie de l’art en tant que lieu privilégié du fantasme, où se fait jour un devenir-femme des plus équivoques.