Cette poignante nouvelle est parue, notamment, dans le magazine littéraire Lisez-moi en 1910.
« Il flânait ainsi,enfoncé dans sa rêverie, quand son odorat fut tout à coup réjoui par une bouffée d'odeurs printanières, et, en même temps, une voix féminine psalmodia près de lui : « La violette ! La belle violette ! » Il releva la tête et distingua au coin d'une porte une femme déjà mûre, assise à côté d'un grand panier plein de giroflées et de violettes. Comme il était content de sa journée, l'idée lui vint de fleurir sa boutonnière ; il s'approcha du panier, choisit dans le tas un bouquet de cinq sous et le flaira sensuellement. Tandis qu'il fouillait dans sa poche pour solder son emplette, le stationnement d'un omnibus éclaira brusquement la marchande. C'était une femme grassouillette, de taille moyenne, tête nue, avec d'abondants cheveux gris frisottants et de beaux yeux d'un bleu violet. Malgré l'empâtement du visage, les traits étaient restés fins, la bouche avait encore de la fraîcheur et on devinait que, trente auparavant, la fleuriste avait dû être séduisante. »
Source: https://archive.org/download/andre_theuriet_-_le_kiosque/Andre_Theuriet_-_Le_Kiosque.pdf