Anna Katharine Green (1846-1935)
"Pour un détective dont les talents n’avaient pas été reconnus en haut lieu, je nourrissais une ambition considérable. J’entretenais la secrète conviction que si quelque grosse affaire se trouvait sur mon chemin, je prouverais que j’étais capable d’en tirer quelque chose ; je veux dire quelque chose de mieux que je ne voyais faire au corps ce police du district de Columbia, depuis que j’avais l’honneur d’en faire partie ; et lorsque je me trouvai plongé, presque sans l’avoir voulu, dans l’affaire Jeffrey-Moore, je fus persuadé que l’occasion s’offrait enfin de me distinguer.
Il y eut dans cette tragédie des dessous ténébreux que le public ne soupçonna jamais, quelque bruit qu’elle ait fait à Washington et dans tous les États, et dont je me propose de retracer ici en toute sincérité les curieux détails.
Au cours des recherches, je rencontrai autant de déceptions que de triomphes ; et ma tâche achevée, je restai le cœur aussi endolori que satisfait ; car j’ai un culte pour les femmes, et...
Mais ne tardons pas davantage à commencer notre récit.
J’étais de service au poste le soir où « l’oncle David » y arriva. C’est ainsi que les gamins qui le suivaient dans la rue désignaient ce gentleman, et j’espère ne pas manquer de ce qui est dû à un homme de noble et ancienne famille en lui donnant le nom qui, en ce temps-là, le caractérisait autant que ses habitudes bizarres, son accoutrement baroque et l’obstination avec laquelle il contraignait son grand chien danois Rudge à marcher constamment à ses côtés."
Un jeune policier, depuis peu en poste à Washington, trouve, suite à l'appel d'un voisin, le corps d'une femme, dans une maison inoccupée. C'est la riche propriétaire, Véronique Moore, récemment mariée à Francis Jeffrey.... Suicide ? Homicide ?