Michel Zévaco (1860-1918)
"Roland !... Léonore !...
Venise, en cette féerique soirée du 5 juin de l’an 1509, acclame ces deux noms tant aimés.
Ces deux noms, Venise enfiévrée les exalte comme des symboles de liberté. Venise attendrie les bénit comme des talismans d’amour.
Sur la place Saint-Marc, entre les mâts qui portent l’illustre fanion de la république, tourbillonnent lentement les jeunes filles aux éclatants costumes, les barcarols, les marins – tout le peuple, tout ce qui vibre, tout ce qui souffre, tout ce qui aime.
Et il y a un défi suprême dans cette allégresse énorme qui vient battre de ses vivats le palais ducal silencieux, menaçant et sombre...
Là-haut, sur une sorte de terrasse, au sommet du vieux palais, deux ombres se penchent sur cette fête – deux hommes dardent sur toute cette joie l’effroyable regard de leur haine.
Venise laisse monter le souffle ardent de ses couples enlacés qui, parmi des bénédictions naïves et des souhaits d’éternelle félicité, répètent les noms de Léonore et de Roland.
Car demain on célébrera les fiançailles des deux amants. Roland !... le fils du doge Candiano, l’espoir des opprimés !... Roland... celui qui, dit-on, a fait trembler plus d’une fois l’assemblée des despotes, le terrible Conseil des Dix, et lui a arraché plus d’une victime !..."
1509. Venise s'apprête à fêter les fiançailles du fils du doge, Roland Candiano, avec Eléonore, descendante d'une grande famille vénitienne... Lors de la célébration, le Grand Inquisiteur d'Etat, Foscari procède à l'arrestation de Roland, accusé de complot. C'est la chute de la maison Candiano puis le temps de la vengeance...
A suivre : "Les amants de Venise".