Cette courte histoire de « sorcellerie » de l'écrivain (masculin) Marie Aycard (1794-1859) est parue dans le Journal des Journaux en 1845.
« Au même moment, on vit arriver sur la place une charrette attelée d'un mauvais cheval, sur laquelle était liée avec des cordes une jeune fille de dix-huit ans à peine et dont la beauté, qui aurait attendri les juges les plus cruels, ne faisait qu'animer une population superstitieuse et fanatisée ; une forêt de cheveux noirs couvrait sa tête et cachait une partie de son front; ses joues pâles, sa bouche petite et décolorée donnaient à sa physionomie un attrait particulier et une séduction singulière. Le cavalier la regarda attentivement, et peu disposé à ajouter foi aux croyances ridicules des villageois, il fit à part lui cette réflexion, qu'il devait être fort agréable d'aller au sabbat avec une aussi jolie fille et que M. Bastien était plus heureux qu'il n'appartenait à un vilain. Trente ou quarante ans auparavant, les grands seigneurs avaient cru aux sorciers, aux devins, aux sorts, aux apparitions et enfin à l'astrologie. M. le duc de Luxembourg, Mme de Mazarin et mille autres avaient payé fort cher cette faiblesse ; mais, en 1755, la raison humaine avait fait un pas en France, et la philosophie railleuse de Voltaire commençait déjà à déraciner bien des préjugés. »
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