Le lecteur français qui prend connaissance du Voyage du Pèlerin, de son contenu et de son histoire, se trouve confronté à une énigme. Il se demande comment un livre religieux du dix-septième siècle, écrit dans un style quasi-enfantin, a pu bénéficier d’un succès continu et universel, au point qu’on ne compte plus le nombre de ses éditions et de ses réimpressions. L’ouvrage de John Bunyan constitue en effet un véritable phénomène de la littérature anglaise, d’une magnitude comparable à la production de la Bible King James elle-même...
Pour s’expliquer le paradoxe entre la simplicité du texte et son impact, il ne faut jamais oublier que cette composition ne tire pas son origine d’une allégorie purement imaginaire : Le rêveur fatigué qui se retrouve dans une caverne, et qui va raconter son voyage onirique, c’est Bunyan lui-même, qui a écrit son livre en prison. Il y est resté plus de douze ans, sans autre crime que d’avoir voulu prêcher publiquement l’Evangile ! Il est vrai que simple étameur de fer blanc, sans autre formation que sa lecture assidue de la Bible, Bunyan ne possédait aucun des titres ecclésiastiques exigés à l’époque pour pouvoir adresser un public sur des sujets religieux. Cependant il est impossible d’arrêter une initiative prise par Dieu ; semblable aux apôtres du livre des Actes, aux instruments de réveil de toutes les époques, Bunyan a clairement été une telle initiative de Dieu.