Recueil de nouvelles autour du thème de la perte, portées par des protagonistes solitaires partagés entre espoirt et désarroi.
Berlin Est, une jeune femme décide de rechercher ses origines ; un livre de Stefan Zweig à demi calciné peut-il changer le cours des choses ; Madeleine, chausse du 37 et veut retrouver une amie d’enfance ; comment appeler des jumelles quand on n’arrive pas à les distinguer…
« Les Effacements » parlent de disparition mais, comme dans toute rupture, de nouveaux départs, de possibles envisageables.
L’écriture garde sa douce ironie, son humour distancié et sa tendresse pour les personnages. Elle ne juge jamais même si elle est sans concession. Les nouvelles de Jean-François Dietrich sont des funambules, sur le fil du rasoir, en équilibre entre la légèreté et le tragique, l’ironie et la tendresse, les finitudes et les renaissances.
Le lecteur est invité à être témoin sans être voyeur, à construire sa propre opinion, en toute liberté.
Loin de l'analyse psychologique, découvrez ces nouvelles très humaines.
EXTRAIT
Deux coups brefs. Pas de réponse. Elle vit la lumière au-dessus de la porte à travers la vitre. Elle appuya de nouveau et laissa cette fois son doigt, sans relâcher, durant plusieurs secondes. Une voix de femme enfin de l’autre côté de la porte :
— Allez-vous-en. Je n’ouvrirai pas. La jeune femme appuya alors une nouvelle fois sur la sonnette.
— Arrêtez, arrêtez, je n’ouvrirai pas. Je n’ai rien à dire.
La jeune femme respira fortement. Il faisait maintenant sombre sur le palier. Elle n’avait pas vu d’ombre passer derrière le judas de la porte de l’appartement. Elle ne savait pas si la femme de l’autre côté de la porte l’avait observée avant de parler. La jeune femme s’approcha tout contre la porte et dit :
— Je vais continuer de sonner jusqu’à ce vous m’ouvriez ! Puis elle sonna.
C’était une sonnette à tintement continu, peut-être était-elle constituée de ces deux demi-globes métalliques et d’un petit marteau vibrateur qui oscille de l’un à l’autre à vitesse frénétique. Ce n’était pas en tout cas une de ces sonnettes polies qui ne font que ding-dong, l’air de s’excuser de déranger. Cette sonnette disait qu’elle était bien présente, qu’il y avait du monde sur le palier. La sonnerie s’arrêta brutalement. La jeune femme appuya plus fort, mais aucun bruit ne se fit plus entendre. La jeune femme remarqua que la lumière au-dessus de la porte était éteinte. La femme dans l’appartement avait dû relever le disjoncteur. Elle devait être dans le couloir, dans le noir, à attendre. La jeune femme hésita à prendre un papier dans son sac, mais elle préféra cette fois parler à voix haute, bien fort. Elle savait que la femme l’écoutait.
— Je reviendrai, vous m’ouvrirez, tôt ou tard.
Puis elle descendit les deux étages.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-François Dietrich a débuté par l’écriture théâtrale. Ses pièces « L’impasse », « Le Cinquième Train », « Esquisses » ont été montées par la Compagnie du Verseau et « 5.905 inchs » par la compagnie Artemis. Il a ensuite découvert l’écriture de nouvelles notamment grâce à la Maison de l’Écriture. EN CORPS PRÉSENT est son premier recueil.