Aucun terme de comparaison n'est trop grand pour l'œuvre de Dostoïevski, qui peut être comparée à ce qu'il y a d'éternel et de sublime dans la littérature mondiale. La tragédie de Karamazov n'est pas inférieure aux événements d'Oreste, à l'épopée d'Homère, à l'œuvre de Goethe. Au contraire, ces œuvres sont toutes plus simples, plus plates, moins riches en connaissances. Un siècle et demi après sa parution, la puissance littéraire de Les Frères Karamazov ne s'est pas démentie. Aujourd'hui encore, en assistant au parricide le plus célèbre de la littérature moderne et en suivant son exaltant procès, nous sommes contraints de descendre dans les profondeurs les plus inconfortables de l'âme humaine, de nous interroger sur les pires instincts de l'individu et de la société, dans un voyage où la réalité et le cauchemar n'ont pas toujours des contours bien définis, où la tragédie côtoie la farce, et où le désespoir est condamné à nourrir une flamme d'espoir, même si elle est ténue.
Avec un essai introductif de Sigmund Freud sur le parricide.