La Lorraine est une terre de passage. Les routes qui la sillonnent du nord au sud et d’est en ouest nous enseignent l’histoire. La Moselle est particulièrement intéressante par sa variété toponymique. Du Saulnois au Bitcherland, le voyageur s’aperçoit qu’il traverse une frontière linguistique. De Château-Salins, au nom d’origine romane, on arrive à Morhange, à la finale caractéristique des villages de la zone de transition (suffixe –ange, issu du germanique –ingen) pour aller vers Sarreguemines, terme purement germanique qui indique que nous sommes « au confluent de la Sarre (et de la Blies) ». Mais tous les noms de lieux, villages, lieux-dits, montagnes, rivières et étangs ne sont pas aussi aisés à interpréter. Ce livre tente donc de leur donner un sens et cherche des réponses à partir des attestations anciennes en proposant le plus souvent différentes hypothèses.
Au-delà de la recherche étymologique, l’ouvrage se présente aussi comme une promenade passionnante au milieu des hommes qui ont nommé ces lieux à différentes époques à travers leurs activités, leurs croyances, les paysages, les coutumes. La deuxième partie aborde un aspect historique que la toponymie met en lumière : les différentes époques de peuplement avec leurs habitudes de langage, de l’antiquité à l’époque moderne. C’est tout un pan particulièrement fragile du patrimoine lorrain (et mosellan) que ce livre met en valeur, en espérant apporter aux habitants comme aux touristes une meilleure connaissance de ce patrimoine omniprésent et pourtant si méconnu.
Michèle BENOIT, docteur en langue et littérature française, a publié plusieurs ouvrages sur l’histoire de la Lorraine et de la Bretagne et, en collaboration avec Cl. Michel, des ouvrages de dialectologie et de toponymie.
Claude MICHEL, docteur en linguistique, dialectologue, chercheur à l’Institut Pierre Gardette a écrit de nombreux ouvrages et articles abordant la dialectologie, les régionalismes du français et la toponymie, à propos de la Lorraine et du franco-provençal.