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Zita de Habsbourg : Mémoires d'un empire disparu

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« Le présent récit est l'histoire dont j'ai été le témoin direct ou, pour les événements antérieurs, l'histoire que m'a transmise ma famille. »

Ainsi commence l'impératrice Zita, lorsqu'elle confie ses souvenirs à Erich Feigl. Quelle vie haute en couleur pour cette princesse Bourbon-Parme devenue Habsbourg par son mariage, mais qui fut surtout européenne !

Ses racines et l'histoire souvent douloureuse de sa famille lui feront éprouver très tôt la stupidité des nationalismes et la fragilité du pouvoir. Elle n'en seconde pas moins avec ardeur son époux, l'archiduc Charles et futur empereur : à ses côtés elle parcourra l'empire jusqu'au fin fond de la Galicie, partageant la vie - peu confortable - de garnison. Pendant la Première Guerre, ses visites au front et dans les hôpitaux lui montreront de près la misère des soldats et du peuple : « Ce fut un enfer de feu roulant, de faim et de rats, de rats affreux et effrayants, se souvient-elle horrifiée... Il était évident que nous devions conclure la paix. Était-ce si difficile à comprendre ? »

La destruction de l'empire, les vaines tentatives de restauration, l'exil à Madère puis la mort de l'empereur : autant d'épreuves que dut affronter avec foi et courage cette incontestable grande dame.

Infatigablement, elle lutta - pour survivre d'abord, seule avec ses huit enfants - puis pour assurer un avenir à l'Autriche, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, aux USA, par la rencontre de Roosevelt, en collaboration avec ses fils Otto, Robert et Félix, tandis que deux autres de ses fils ouvraient un maquis dans le Tyrol occupé et que son frère Xavier était déporté à Dachau.

En guise de remerciements, dès la libération de l'Autriche en 1945, les socialistes revenus au pouvoir remirent en vigueur la loi d'exil frappant les Habsbourg... Elle avait été levée par Schuschnig et Dolfuss et promptement rétablie par les nazis après 1938.

Elle reverra enfin sa patrie en 1982 ; lors de ses différents voyages et de ses obsèques grandioses en 1989, les foules lui réservent une réception triomphale. Pourquoi ? Peut-être ont-elles pensé que le monde formaliste, suranné et honnête de l'impératrice n'était pas aussi ridicule et injuste qu'on le leur avait dit.

A l'Europe de demain, condamnée à s'unir ou à périr, la vieille Autriche-Hongrie, tuée par des aveugles, n'aurait-elle pas un ou deux conseils à donner ?