Sur les pentes abruptes du mont Kujira-yama, au milieu d’un immense jardin, on aperçoit une cabine téléphonique : le Téléphone du vent. Chaque année, des milliers de personnes décrochent le combiné pour confier au vent des messages à destination de leurs proches disparus. En perdant sa mère et sa fille, emportées par le tsunami de 2011, Yui a perdu le sens de sa vie. C’est pour leur exprimer sa peine qu’elle se rend au mont Kujira-yama, où elle rencontre Takeshi et sa petite fille, également en deuil. Mais une fois sur place, Yui ne trouve plus ses mots...
C’est un endroit réel qui a inspiré à Laura Imai Messina ce magnifique roman. Ode à la délicatesse des sentiments, Ce que nous confions au vent est une puissante histoire de résilience autour de la perte et la force rédemptrice de l’amour.
Aude
04/08/2024
Quelle jolie idée ce téléphone, relié à rien sauf au vent dans lequel on vient confier ses états d’âme et parler avec ses morts ! Sauf qu’il ne s’agit pas simplement d’une idée, cette cabine téléphonique existe vraiment, à Ōtsuchi au Japon. (photos en fin d’article) « Ce que nous confions au vent » aborde le tsunami qui a frappé le Japon le 11 mars 2011 faisant ainsi 15 897 morts et 2534 disparus. Le téléphone du vent se situe dans un endroit isolé, qui demande de l’énergie (sept heures de voyage depuis Tokyo), mais il est source de résilience et de force. Yui a perdu sa mère et sa fille. C’est dans ce jardin qu’elle fait la connaissance de Takeshi qui élève seul sa petite fille. Entre eux vont se nouer des liens puissants et intenses. Comme pour le vent, leurs âmes vont tourbillonner, se séparer, se retrouver. Désormais, ils se rendront ensemble au téléphone du vent et chaque voyage les nourrira d’un peu plus de courage. Il est parfois difficile de rencontrer un livre. La rencontre avec la version audio de « Ce que nous confions au vent » se mérite, elle demande un peu de concentration au début pour s’approprier les prénoms, et les lieux. Une fois cette barrière surmontée, il ne reste qu’à se laisser porter par la voix enchanteresse de Clara Brajtman. Sérénité, voilà le mot que je souhaite employer pour définir ce roman. Malgré, les deuils, les douleurs de la perte, les batailles au quotidien pour se reconstruire, les enjeux que doit affronter Yui qui ne parvient pas à saisir le téléphone pour se confier, et Takeshi veuf et père d’une petite fille devenue muette après le décès de sa maman, « Ce que nous confions au vent » apporte une paix intérieure surprenante. J’ai aimé que le roman qui se déroule au Japon respecte les codes japonais : discrétion dans l’évocation des émotions et sentiments pudiques, mais authentiques. C’est sur la pointe des pieds, dans un silence absolu que le lecteur assiste à un nouvel assemblage de « mois » démolis, qu’il prend la mesure du rapprochement minuscule et pourtant bien réel de ces deux êtres en souffrance. Pas-à-pas, Yui et Takeshi entrent dans une nouvelle seconde vie, celle où un avenir commun point lentement. Le récit est entrecoupé de chapitres courts qui se déroulent sous la forme de listes et nous rattachent au présent. Ceux du début sont très factuels comme « programmation musicale » ou « Bilan du désastre », mais deviennent de plus en plus en plus poétiques, comme pour montrer que le fil ténu qui rattache les deux protagonistes à l’existence n’est pas rompu. « Comment donner de la joie de vivre aux enfants », « Les morceaux de musique brésilienne préférés de Yui, autrefois et aujourd’hui » ou encore « Parties du corps de Yui confiées à d’autres au fil des années. » Des listes comme autant de renaissances, porteuses d’espérances. Pendant trois ans, Yui et Takeshi feront ce voyage ensemble jusqu’à Bell Gardia. Les rencontres singulières qu’ils y feront contribueront à cette quête, la reconstruction passe aussi par les autres. J’ai été charmée par ce récit rendu si vivant par Clara Brajtman. Le texte se prête à la douceur de sa voix, la poésie des mots la rend plus pénétrante, plus lumineuse. La lectrice prend son temps, pose sa voix, pèse les mots et retranscrit ainsi l’atmosphère intime du récit, les émotions personnelles, les doutes, l’avenir qui peut désormais s’envisager. Je me suis souvenue de mon voyage au Japon, de cette atmosphère calme et surtout de ce que j’y avais ressenti : une profonde paix intérieure. « Ce que nous confions au vent » cristallise l’élégance des voix intérieures qui ne demandent qu’à s’exprimer, ouvre à la pudeur des émotions, résilience, acceptation, renaissance.
Anonyme
02/04/2024
Une jolie histoire, quelques longueurs toutefois. Bravo à la lectrice.
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