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Capitaines courageux

Livre numérique


Rudyard Kipling (1865-1936)

"La porte du fumoir exposée au vent venait de rester ouverte au brouillard de l’Atlantique Nord, tandis que le grand paquebot roulait et tanguait, en sifflant pour avertir la flottille de pêche.

« Ce petit Cheyne, c’est la peste du bord », dit, en fermant la porte d’un coup de poing, un homme en pardessus velu et frisé. « On n’en a nul besoin ici. Il est par trop impertinent. »

Un Allemand à cheveux blancs avança la main pour prendre un sandwich et grommela entre ses dents :

« C’est une esbèce que che gonnais. L’Amérique en est bleine de tout bareils. Che fous tis que vous tefriez gomprendre les bouts de corde gratis tans fotre tarif. »

– Peuh ! Il n’est pas mauvais au fond. Il est plutôt à plaindre qu’autre chose, dit d’une voix traînante un habitant de New-York, lequel gisait étendu de tout son long sur les coussins, au-dessous de la claire-voie humide. On l’a toujours traîné de tous côtés, d’hôtel en hôtel, depuis sa sortie de nourrice. Je causais avec sa mère ce matin. C’est une femme charmante, mais qui n’a aucune prétention à le diriger. Il va en Europe achever son éducation.

– Éducation qui n’est pas encore commencée (c’était un habitant de Philadelphie pelotonné dans un coin). Ce gamin a deux cents dollars d’argent de poche par mois, m’a-t-il dit. Et il n’a pas seize ans.

– Les gemins de ver, son bère, n’est-ce bas ? dit l’Allemand."

Le jeune Harvey Cheyne est le fils d'un milliardaire ; aussi il se croit supérieur à tout le monde. A bord du paquebot sur lequel il effectue une croisière, personne ne l'apprécie. Un accident survient... Harvey tombe à l'eau et ne doit son salut qu'aux marins pêcheurs du "We're here" qui l'ont recueilli. Harvey va vite comprendre que l'on ne peut pas tout acheter et devra changer son comportement...