En 1819, M. et Mme Balzac installent leur fils ainé, âgé de 20 ans, seul, dans le Marais parisien. Une installation décisive pour le jeune Honoré qui a supplié ses parents de le laisser interrompre ses études de droit durant au moins deux ans, le temps, espère-t-il, de lancer une carrière littéraire. Il vit pauvrement dans une mansarde, traduit les premières pages de L'Éthique de Spinoza, rédige un essai philosophique sur l’immortalité de l’âme, et surtout, compose un drame théâtral sur Cromwell qu’il fait lire à un académicien. Verdict : « Ce jeune homme doit faire de tout, excepté de la littérature ! »
Lire Balzac à 20 ans, c’est découvrir le modèle même de tous les jeunes gens pauvres qui, dans La Comédie humaine, « montent » à Paris pour, comme Honoré l’a fait lui-même, y chercher la gloire littéraire et le succès auprès des femmes. Souvent en vain. Lui l’obtiendra de son vivant, car sa peinture de la société de son époque portera une telle vérité qu’elle fera de lui le grand romancier du siècle. Cette œuvre visionnaire ne lui permettra ni de s’enrichir, ni de passer les portes de l’Académie Française, comme il l’espérait, mais fondera la littérature et le cinéma modernes, et surtout réalisera avec éclat son rêve le plus cher : illustrer glorieusement le nom de Balzac.