Depuis 70 ans, la forme urbaine a suivi la finance. Et si elle a gagné en fonctionnalité, la ville a peut-être perdu en humanité. Durant le siècle passé, elle n'a pas toujours favorisé la mixité, la convivialité, la mobilité, les changements de vie, le partage ou le vivre-ensemble. Le secteur immobilier a fini par bâtir des produits immobiles, incapables de s'adapter aux évolutions d'usage, aux urgences climatiques, sanitaires, économiques ou sociales. Le bâti s'est standardisé en faisant du béton sa base, son facteur d'efficacité, garant d'une rentabilité financière à court-terme assurée pour ses investisseurs et promoteurs. Finalement nos villes et périphéries se sont imperméabilisées et n'absorbent plus ni les pluies diluviennes, ni les chocs sociétaux.
En 2024, le statu quo n'a plus sa place. Appeler à une transition du secteur immobilier n'est même plus suffisant. Il faut intégralement le transformer, à commencer par les instruments financiers qui contribuent à lui donner corps. C'est la raison pour laquelle ce livre a interpellé plus de 50 acteurs du secteur sur leurs utopies pour la ville, l'immobilier et les façons d'habiter en 2050.
De manière contre-intuitive peut-être, l'utopie souhaitable qui se dessine dans ces pages ne met pas la nouveauté, la technologie ou la fameuse smart city à l'honneur. La ville du futur ressemblera de bien des manières à celle d'aujourd'hui. Car le changement viendra de l'intérieur. Du réemploi de l'existant pour en faire des espaces plus agiles, mieux partagés, plus résistants, mieux isolés, et moins gourmands, plus abordables et adaptables et bien mieux connectés à la nature. Le changement viendra d'une finance réinventée au service d'actifs urbains fructueux, en harmonie avec le Vivant.