« Romain sâimagina un instant revenu au temps de sa prime jeunesse, Ă cette Ă©poque hĂ©las rĂ©volue oĂč le fer des chevaux claquait sur les pavĂ©s, oĂč la frĂȘle bougie dardait son intime lumiĂšre sur un monde naissant, porteur dâespoirs et de promesses. Une jeune femme aux longs cheveux bruns cheminait, silencieuse, entre deux rangĂ©es de bouleaux. Lâherbe, soumise, se couchait sous ses pieds puis relevait un Ă un ses brins comme pour suivre sa progression. Ce nâĂ©tait pas HĂ©lĂšne. Elle avait pourtant la mĂȘme silhouette, ce dĂ©hanchement souple et Ă©lĂ©gant, cette façon subtile de poser le pied, lĂ©ger, lĂ©ger, Ă dĂ©sespĂ©rer de la soliditĂ© du sol, de sa nĂ©cessitĂ©. »
Parfois l'amour et la mort se mĂȘlent, se croisent, sans pour autant se reconnaĂźtre. Parfois, un autre est lĂ , si proche, si prĂ©sent, quand, aveugle, on le cherche. Doit-on se rĂ©signer quand on n'a plus, des mots, les lĂšvres pour les dire ? Faut-il tenir sa main pour revivre Ă ses yeux ? L'amour, lorsqu'il se tait, peut conduire Ă la mort mais que penseriez vous si la mort, Ă son tour, conduisait Ă l'amour ?