Récit des désillusions d'un immigré
Après une enfance albanaise durant laquelle les minijupes des animatrices de la télévision italienne résument à ses yeux la vie en Occident, Gazmend Kapllani franchit un jour la frontière grecque dans l’espoir d’une vie meilleure. Mais la Terre Promise ne lui réserve pas l’accueil amical auquel il s’attendait : nulle speakerine légèrement vêtue en signe de bienvenue, et pas la moindre trace d’un sourire bienveillant sur le visage des autochtones.
Parqué dans un centre de rétention pour immigrés, il commence à entrevoir la dure réalité de la condition qui sera désormais la sienne. Lui et ses camarades albanais bâtissent dans leurs rêves un futur en Grèce où le travail leur apporte succès et fortune, un futur qui restera à l’état de chimère pour la plupart d’entre eux. L’absurdité de ces châteaux en Espagne comme celle de leur condition n’en rend leur quotidien que plus cruel.
Avec autant de recul que d’engagement, d’humour que d’indignation, Kapllani mêle le récit de son expérience à une méditation sur ce qu’il appelle « le syndrome des frontières » pour composer un premier livre d’une acuité et d’une vigueur extraordinaires.
L'auteur nous livre avec humour dans cette autobiographie le choc des cultures entre l'Orient et l'Occident
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- "Un livre original, à la fois sensible, critique et détaché." (Catherine Simon, Le Monde des Livres)
- "Une chronique simple et juste de l’immigration européenne aujourd’hui." (Bertrand Guillot, Standard)
- "Cette brève autobiographie est un délice de lecture, émouvant, drôle, écrit à la pointe sèche. Plus efficace que bien des ouvrages sociologiques sur le sujet." (Jacqueline Remy, Marianne)
- "Une réflexion sur la condition d’immigré, où le burlesque et l’humour sont opposés au déracinement." (Globe-trotters magazine)
A PROPOS DE L'AUTEUR
Gazmend Kapllani est né en 1967 en Albanie. En janvier 1991, il immigre en Grèce, où il travaille comme ouvrier du bâtiment, cuisinier et kiosquier, tout en poursuivant des études à l’université d’Athènes, où il soutient un doctorat sur la représentation des Albanais dans la presse grecque et des Grecs dans la presse albanaise. C’est aujourd’hui un auteur en vue, un dramaturge et poète reconnu, et son éditorial bihebdomadaire dans le plus grand quotidien grec, Ta Nea, fut une référence dans le monde des médias grecs et plus largement balkaniques. Il a désormais renoncé à ses activités de journaliste pour se consacrer à l’écriture. À travers ses éditoriaux et ses romans, il s’est fait l’ardent défenseur des droits de l’homme, de la justice et des minorités.
EXTRAIT
Vous vous demandez sans doute : pourquoi nous racontes-tu tout cela ? Le fait est que l’immigré, surtout un immigré de la première génération, n’a qu’un seul choix au début, celui de se taire. Au fond de lui cohabitent la peur, la prudence, le choc lié à son départ, le choc du premier contact avec un pays inconnu, le sentiment de n’être pas le bienvenu, la rancœur, la nostalgie de la patrie et son reniement tout à la fois, la culpabilité et la colère. L’immigré est un être complexe, tellement peu sûr de lui qu’il redoute de se livrer. Il suffit d’un petit signe en face, un signe de refus ou d’indifférence, du genre : « Qu’est-ce que ça peut bien me faire, mon ami, de savoir d’où tu viens et par quoi tu es passé ? » Et l’immigré se sent ridicule, vulnérable, défiguré…