« Si je suis revenu à Paris, c’est pour y observer de près le monde de la pauvreté : les mendiants, les prostituées, les vieux dans leurs asiles et les miséreux dans leurs refuges.
Paris vient de fêter ses deux mille ans. Moi, je ne dispose que d’un recul de vingt-cinq ans. Mais je suis à l’âge où l’on demande à ses vieilles connaissances : comment ça va ? »
Durant les années 1930, Ivar Lo-Johansson écrit de nombreux ouvrages dont plusieurs font scandale à cause du traitement cru qu’il donne du monde du travail et des rapports humains.
Dans L’Autre Paris paru en 1954, Il relate son voyage dans une ville qu’il a connue vingt-cinq ans plus tôt, qu’il a aimée, et qui, par-delà les souffrances de la guerre, a commencé à subir de profondes transformations.
EXTRAIT
Quand j’y arrive, à six heures du matin, et prends un taxi pour traverser la ville avec mon unique valise, Paris est d’une grande douceur. Je vois les rues et les pignons des maisons, avec leurs réclames puériles : Les biscuits Lu, Lefèvre-Utile. Qui se soucie de ce genre de choses ? Ça ne vaut pas un sou. Pour moi, le peintre de Paris, c’est Utrillo. Il a bien su rendre ce que cette ville a d’un peu banal, d’usé, de négligé, de tape-à -l’oeil et ces roses et ces mauves qui occupent une telle place dans le paysage de la ville.
Ă€ PROPOS DE L'AUTEUR
Ivar Lo-Johansson est né à Ösmo, en 1901, de parents paysans sans terre. Il est mort en 1990 à Stockholm. C’est une figure emblématique de la littérature suédoise.
Il fait partie de cette génération d’écrivains dits prolétariens, qui en Suède a fourni quelques noms prestigieux : Vilhem Moberg ou les Prix Nobel de littérature, Harry Martinson et Eyrind Johnson…