PassionnĂ© dâailleurs, homme revendiquant sa mixitĂ©, conteur sublime des beautĂ©s du Raj ; comme peu en furent, Kipling ne fut en aucun cas un simple apologiste de lâImpĂ©rialisme ou de lâoptimisme europĂ©ens du XIXe siĂšcle finissant. SincĂšre, lucide, complexe en ambigĂŒitĂ©s, son Ćuvre raconte bien plus quâun exotisme : elle sut, Ă maintes reprises, se faire maĂźtresse en subtilitĂ©. Preuve en est Ameera ; nouvelle Ă©ponyme, et jusque lĂ inĂ©dite en, français, sur le destin dâune femme-enfant achetĂ©e Ă sa propre mĂšre par un fonctionnaire britannique, Holden. DĂ©nonçant les cruautĂ©s de lâHistoire coloniale, les injustices du sort pour ceux qui se nomment « les pauvres en destinĂ©e », Ameera câest dâabord lâhistoire dâun improbable amour entre un fonctionnaire et sa femme esclave ; la venue au monde dâun enfant se chargeant, bientĂŽt, de conjointement les sauver ; avant que ne sâabatte sur eux lâinadmissible. Sur fond de racisme, de catastrophes naturelles et dâĂ©pidĂ©mie de cholĂ©ra, Ameera est une nouvelle dâune rare intensitĂ© Ă©motionnelle.