(0)

Au Bonheur des Dames : Les Rougon-Macquart 11/20

E-book


Emile Zola (1840-1902)

"Denise Ă©tait venue Ă  pied de la gare Saint-Lazare, oĂč un train de Cherbourg l’avait dĂ©barquĂ©e avec ses deux frĂšres, aprĂšs une nuit passĂ©e sur la dure banquette d’un wagon de troisiĂšme classe. Elle tenait par la main PĂ©pĂ©, et Jean la suivait, tous les trois brisĂ©s du voyage, effarĂ©s et perdus au milieu du vaste Paris, le nez levĂ© sur les maisons, demandant Ă  chaque carrefour la rue de la MichodiĂšre, dans laquelle leur oncle Baudu demeurait. Mais, comme elle dĂ©bouchait enfin sur la place Gaillon, la jeune fille s’arrĂȘta net de surprise.

– Oh ! dit-elle, regarde un peu, Jean !

Et ils restĂšrent plantĂ©s, serrĂ©s les uns contre les autres, tout en noir, achevant les vieux vĂȘtements du deuil de leur pĂšre. Elle, chĂ©tive pour ses vingt ans, l’air pauvre, portait un lĂ©ger paquet ; tandis que, de l’autre cĂŽtĂ©, le petit frĂšre, ĂągĂ© de cinq ans, se pendait Ă  son bras, et que, derriĂšre son Ă©paule, le grand frĂšre, dont les seize ans superbes florissaient, Ă©tait debout, les mains ballantes.

– Ah bien ! reprit-elle aprùs un silence, en voilà un magasin !"

1864 : Lorsque Denise arrive à Paris, suivie de ses deux jeunes frÚres, pour travailler chez son oncle, elle est fascinée par le grand magasin "Au Bonheur des Dames". Selon elle, il représente l'avenir et décide d'y travailler.

Octave Mouret, le patron du magasin, est un innovateur qui a compris les femmes et leur offre un vĂ©ritable paradis oĂč elles trouvent tout ce qu'elles ont besoin ou croient avoir besoin, Ă  grand coups de charme et de publicitĂ© ! Mouret invente la "sociĂ©tĂ© de consommation".

Mais la puissance et la réussite du grand magasin "Au Bonheur des Dames" concurrencent et tuent les petits commerces du quartier, comme celui de l'oncle de Denise.

"Au Bonheur des Dames" : Un roman qui n'a pas pris une ride et qui aurait pu ĂȘtre Ă©crit de nos jours.