Dans son tout priier recueil de poĂ©sie, Ce quâelles nous laissent, Kareen Martel aborde un thĂšme incontournable pour tout parent qui se questionne sur son rĂŽle : la filiation et ses effets. Ici, câest la relation mĂšre-fille, si souvent fusionnelle, que lâauteure observe avec un regard profond et sans complaisance : je suis Ă©goĂŻste je voudrais te couvrir/ tu fais bien de nous repousser/ moi et mes trop longs bras/ moi et mon armure molle.
Le langage poĂ©tique est mis au service des Ă©motions gĂ©nĂ©rĂ©es par ce regard, portĂ© sur ce qui nous a forgĂ© et sur ce qui nous continue. Les effets de la filiation, dĂ©lĂ©tĂšres ou porteurs de sens pour celles qui dieurent, y sont scrutĂ©s avec minutie, le tout se dĂ©ployant dans une durĂ©e qui donne naturellient sa forme au recueil. Dâavant la naissance jusquâĂ lâĂąge adulte, en passant par les rĂ©voltes adolescentes qui forgent la personnalitĂ© au-delĂ des limites imposĂ©es par la stricte filiation, Kareen Martel nous prĂ©sente un ĂȘtre en formation, dans un univers de fimes, Ă©maillant le parcours de nombreuses citations de fimes poĂštes.
3 mois avant la naissance
il faudrait un bris de transmission
une pause un renversient
un choix conscient
des petits bouts dâhĂ©ritage
Avec audace, Kareen Martel va jusquâĂ projeter dans lâavenir cette enfant qui lui ressible sans lui ressibler...
dans dix ans
puis un jour jâaurai mal Ă ton enfance
je voudrai y retourner un instant
et si tu le souhaites aussi
câest quâil y aura finalient eu du beau du bon
des rognures dâĂ©claircissients au creux de la main