(0)

Contes d'un voyageur I

E-book


Avec ses Contes du voyageur, Irving nous convie autant au voyage et Ă  l'exotisme, qu'aux vagabondages de l'imagination, humaine et littĂ©raire, dans toute sa splendeur. Ajoutez Ă  ces rĂ©cits la traduction française bancale et dĂ©licieusement vieillotte de 1825. Extrait : J'assistais un jour Ă  un dĂźner de chasseurs donnĂ© par un vieux baronnet, grand amateur de la chasse au renard, qui tenait gaiement son mĂ©nage de garçon, et habitait, dans une de nos provinces du centre, un chĂąteau Ă  tourelles, ancienne propriĂ©tĂ© de famille. Il avait Ă©tĂ© autrefois admirateur passionnĂ© du beau sexe ; mais, aprĂšs avoir Ă©tudiĂ© avec beaucoup de succĂšs les femmes des divers pays pendant le cours de ses nombreux voyages, il Ă©tait revenu chez lui, possĂ©dant, Ă  ce qu'il s'imaginait, une profonde connaissance des ruses fĂ©minines, se croyant, de plus, passĂ© maĂźtre, en l'art de plaire : mais il essuya la mortification d'ĂȘtre trompĂ© par une petite pensionnaire Ă  peine Ă  l'alphabet de la science de l'amour. Le baronnet, complĂštement abattu par une si incroyable dĂ©faite, se retira, dĂ©goĂ»tĂ© du monde ; il se mit sous la domination d'une vieille domestique de confiance, et il s'occupa de la chasse au renard, comme un vrai Nemrod. Quoi qu'en puissent dire les poĂštes, l'homme guĂ©rit de l'amour en vieillissant ; et une meute de chiens peut chasser de son cƓur jusqu'au souvenir mĂȘme d'une divinitĂ© de pensionnat. Le baronnet, Ă  l'Ă©poque oĂč je le vis, Ă©tait bien le plus gai, le plus vert des vieux garçons que jamais chien courant ait accompagnĂ© ; l'amour qu'il avait Ă©prouvĂ© jadis pour une seule femme s'Ă©tait rĂ©pandu sur le sexe entier ; de sorte qu'il n'y avait pas dans toute la province un seul joli minois qui n'eĂ»t part Ă  l'affection du vieillard.