De quelles disciplines la psychologie est-elle l’héritière et la lointaine descendante ? Sous l’impulsion de quels médecins, praticiens, chercheurs, penseurs s’est-elle constituée ? De quelle manière s’est-elle spécialisée et développée ? A quelle discipline a-t-elle elle-même donné le jour après son interaction avec d’autres matières ? Balayant plus de deux millénaires, l’essai de Robert Patte fait retour sur la mémoire de la science la plus humaine qui soit, en retrace les balbutiements et l’explosion à la fin du XIXe siècle, avant d’interroger ses évolutions et sa prolifération à d’autres objets de recherche. Fourmillant de données précieuses, éclairant l’action décisive des individus qui l’ont façonnée, ce texte d’une rare exhaustivité possède ces vertus encyclopédiques qui en font une Bible pour celles et ceux qui veulent approcher la richesse et fertilité de la psychologie. S’il est une idée qui se dégage de cette « Histoire de la psychologie » conçue par Robert Patte, c’est que celle-ci est, en termes de connaissances de l’Homme, centrale, capable de se révolutionner et d’étendre ses champs d’action avec chaque avancée scientifique et cognitive. Sœur cadette de la philosophie et de la métaphysique, elle apparaîtra ainsi comme conjointe de l’ethnologie, mère de la psychanalyse, s’accommodant aussi des progrès de la linguistique… Ne mésestimant aucune des dimensions de l’être, conçu aussi bien comme corps que comme esprit, comme individu que comme animal social, elle est une manière de le circonscrire à la fois dans ses particularités et sa globalité. Une idée sous-jacente, un credo dans une certaine mesure, qui s’exprime dans un ouvrage essentiel, détaillé, dense, méticuleux, restituant les mutations méthodologiques de toute une discipline.