Trop câest trop. MĂ©ga pĂ©tage de plomb comme rĂ©sultat du pressurage des cerveaux au service de lâidiotie consumĂ©riste.
QUAND LE DG A ANNONCE « lâinnovation est dans notre ADN », en moi-mĂȘme jâai pensĂ© « jamais rien entendu dâaussi con ». Ă voir la tĂȘte de mon voisin de gauche, Paul, mon supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct, jâai aussitĂŽt compris que jâavais prononcĂ© ces paroles Ă voix haute. Il a eu un rictus nerveux en balayant du regard les autres participants. Il Ă©tait le seul Ă mâavoir entendue. Je me suis mordue la langue. Ă nouveau cette envie de remuer, de secouer mes membres comme sâils avaient Ă©tĂ© recouverts de fourmis rouges. Mes nerfs baignaient dans du vinaigre. Jâai repris un cachet. Pour tenir le coup jusquâĂ la fin de la rĂ©union. Une vieille habitude quand la pression devient trop forte. Pour passer le cap. Jâai tenu deux heures. La bouche crispĂ©e, les dents scellĂ©es pour Ă©viter de gober toutes leurs inepties. « Nous offrons du bonheur », « les enfants et les adolescents AUSSI ont droit Ă du mieux-ĂȘtre », « notre sociĂ©tĂ© ne doit plus tolĂ©rer que quiconque soit malheureux »...
Elena Piacentini connaĂźt bien le monde de lâentreprise. Ses origines corses lui rappelant les invariants de la nature insulaire donnent un contrepoint Ă la folie contemporaine dâune recherche immĂ©diate de satisfactions factices imposĂ©es par des mĂ©thodes de dĂ©cervellement publicitaire.