Les apparences sont trompeuses. Planter, percer la mauvaise viande, il savait faire. En revanche, il avait oublié que les plaies ouvertes ne se referment jamais...
IL COMPTAIT FRAPPER DEUX FOIS. Deux armes pour percer sa viande Ă deux endroits bien prĂ©cis, toujours les mĂȘmes. Il les dĂ©gustait dâavance, ces deux boutonniĂšres quâil allait lui faire, et ensuite la trachĂ©e, lĂ -haut, Ă lui dĂ©coller le colbac de sa fiole moche.
« Ăa, câest pour Gioâ, pour son palpitant tout chaud qui ne savait que vouloir du bien Ă tout le monde ! Ăa, câest pour Adda, pour sa gorge qui savait si bien pousser des goualantes Ă faire bicher les anges ! Et ça, câest pour elles deux, qui en avaient avalĂ© des couleuvres dans leur chienne de vie, et Ă qui on venait encore de voler leur voix, leur air et leur Ăąme de gosses. »
Les choses sâĂ©taient passĂ©es comme ça, Ă peu de chose prĂšs.
Voici « Frangines », Noir de SuiTe n°2. Manon Torielli, câest tout le sulfureux, tout lâimprobable de cette collection, et quelque chose qui nâappartient quâĂ elle. Sans doute une maniĂšre trĂšs particuliĂšre de faire saillir les ambiances, de cercler les personnages suivant une mĂ©canique implacable.