(0)

La comtesse de Charny III

E-book


Les «MĂ©moires d'un mĂ©decin» est une suite romanesque qui a pour cadre la RĂ©volution Française et qui comprend «Joseph Balsamo», «le Collier de la reine», «Ange Pitou» et la «Comtesse de Charny». Suite Ă  la rĂ©volte du peuple du 6 octobre 1789, la famille royale est ramenĂ©e de force de Versailles Ă  Paris et installĂ©e aux Tuileries. La reine Marie-Antoinette est de plus en plus injuste envers AndrĂ©e (la comtesse de Charny) parce qu'elle se rend compte que le mariage arrangĂ© du comte (qu'elle aime passionnĂ©ment) et de la comtesse de Charny peut devenir un mariage d'amour. Quittant alors le service de la reine, AndrĂ©e dĂ©couvre enfin la joie de connaĂźtre son fils SĂ©bastien, fruit de son viol par Gilbert lequel avait enlevĂ© cet enfant Ă  sa naissance. Extrait : - Oh ! certes, je ne le nie pas, dit Billot avec un sourire amer, oui, vous m'avez connu bien autrement que je ne suis ; je vais vous dire comme j'Ă©tais, monsieur le comte : j'Ă©tais un vrai patriote, dĂ©vouĂ© Ă  deux hommes et Ă  une chose : ces deux hommes, c'Ă©taient le roi et M. Gilbert ; cette chose, c'Ă©tait mon pays. Un jour, les agents du roi -- et, je vous l'avoue, dit le fermier en secouant la tĂȘte, cela commença Ă  me brouiller avec lui -- un jour, les agents du roi vinrent chez moi, et, moitiĂ© par force, moitiĂ© par surprise, m'enlevĂšrent une cassette, dĂ©pĂŽt prĂ©cieux qui m'avait Ă©tĂ© confiĂ© par M. Gilbert. AussitĂŽt libre, je partis pour Paris ; j'y arrivai le 13 juillet au soir ; c'Ă©tait au milieu de l'Ă©meute des bustes de M. le duc d'OrlĂ©ans et de M. Necker ; on portait ces bustes par les rues en criant : « Vive le duc d'OrlĂ©ans ! Vive M. Necker ! » Cela ne faisait pas grand mal au roi, et, cependant, tout Ă  coup, les soldats du roi nous chargĂšrent. Je vis de pauvres diables qui n'avaient commis d'autre crime que de crier \emph{vivent} deux hommes qu'ils ne connaissaient probablement pas, tomber, autour de moi, les uns la tĂȘte fendue par des coups de sabre, les autres, la poitrine trouĂ©e par des balles ; je vis M. de Lambesc, un ami du roi, poursuivre dans les Tuileries des femmes et des enfants qui n'avaient rien criĂ© du tout, et fouler aux pieds de son cheval un vieillard de soixante et dix ans.