La cuisine mortuaire fouille une culture dâouvriers et de mĂ©nagĂšres, donne une forme aux dos rompus de fatigue et aux mĂšres qui dĂ©barbouillent les visages sales des aprĂšs-midi passĂ©s dans la ruelle, posant les jalons, un
poĂšme Ă la fois, dâune quĂȘte des origines. De quoi serait faite la frontiĂšre poreuse entre la poĂ©sie et la langue vernaculaire dâun quartier populaire du MontrĂ©al des annĂ©es 1970 ? Au fil de jeux dâenfants tantĂŽt ludiques tantĂŽt cruels, ce sixiĂšme livre de Louise Marois trace un autoportrait poĂ©tico-social adressĂ© Ă une femme qui « Ă©gorge le temps dans [son] poing », qui disparaĂźt lentement, sâabsente Ă elle-mĂȘme. Le lieu qui les recueille, la fille et la mĂšre, câest cette cuisine, hantĂ©e des bruits de la rue Garnier, pĂ©nĂ©trĂ©e de la rouille des hangars, inondĂ©e de rires gras, oĂč chacune Ă son bout de table elles sâaffairent, oĂč elles manigancent les secrets qui les sĂ©parent et les unissent tout Ă la fois.