Au temps des équipes régionales, l’équipe nord africaine de cyclisme a fait la légende du Tour de France dans les années 40 et 50. Voici l’histoire d’une évasion, la tête dans le guidon...
LA PREMIERE CHOSE QUE J’AI FAITE quand on m’a désigné le coin de dortoir qui m’était assigné, sous les toits de la villa Bersigni, c’est de coller une photo sépia d’Abdelkader Zaaf au verso de la porte du vestiaire métallique qui allait me servir d’armoire. Une double page détachée de ses agrafes, au centre d’un ancien Miroir Sprint, où on le voyait, deux boyaux de rechange croisés sur le torse, escalader le col des Usclats, sur les contreforts des Cévennes. Les gars des lits les plus proches avaient échangé un regard ironique avant de décorer leur univers avec le buste généreux de Gina Lollobrigida pioché dans Sensations ou celui plus sage de Grâce Kelly offert par Cinémonde.
On ne présente plus Didier Daeninckx, auteur de romans noirs à succès et de nombreuses nouvelles. Son dernier recueil a reçu le prix Goncourt de la nouvelle. Cette nouvelle « cycliste » est révélatrice de son talent. Sur fond historique véridique, il bâtit une fiction plus vraie que la réalité. A moins que ce soit l’inverse...