Comment passe-t-on du statut de victime à celle de tueur ? Jean-Baptiste Rambla apparaît dans une affaire criminelle alors qu’il n’a que six ans. Le 3 juin 1974, il est témoin de l’enlèvement de sa sœur aînée, Maria Dolores qui sera assassinée par Christian Ranucci, l’un des derniers criminels guillotinés en France. L’affaire RANUCCI inspire à Gilles Perrault son best-seller, Le Pull-over rouge, qui appuie la thèse d’une erreur judiciaire et qui aidera grandement les partisans de l’abolition de la peine de mort dans leur juste combat.
Mais à quel prix pour les Rambla ? L’opinion publique n’hésite pas à se retourner contre eux, les considérant comme coupables de la mort d’un prétendu innocent. Esseulés et désarmés, ils ne perçoivent ni les tenants ni les aboutissants politiques d’un combat qui les dépasse. Les conséquences seront terribles pour cette famille.
Trente ans plus tard, Jean-Baptiste Rambla tue deux femmes, Corinne Beidl en 2004, puis Cintia Lunimbu en 2017. Purgeant sa peine pour le premier meurtre, il avait obtenu une libération conditionnelle qui lui aurait permis de retrouver son fils, alors âgé de 8 ans. « 8 ans, c’est exactement l’âge qu’avait ma sœur Maria Dolores, lorsqu’elle fut enlevée devant moi » dit-il aux enquêteurs lorsqu’il est arrêté...
Aurélie Joly et Frédéric David, ses deux avocats, racontent ainsi avec brio l’itinéraire sans balises ni secours d’un enfant victime qui devint tueur, et plus largement la destinée d’une famille, victime collatérale d’un combat emblématique de la Ve république.