Octave Mirbeau (1848-1917)
"... On claqua des mains : le rideau tombait, prenant des temps, comme si, lui aussi, il eût été sociétaire. Et l’orchestre se rua à la queue leu leu des couloirs. Seuls, des vieux à calottes demeuraient, des étrangers, en costumes de voyage, qui, debout, le nez en l’air, lorgnaient les allégories peintes du plafond. Les beaux, les belles au théâtre dormant, se secouaient, cherchaient leur monde, puis, après un petit signe aux intimes, une œillade à l’unique loge vide aux premières, presque vis-à-vis l’avant-scène d’Andilly, se remettaient à caqueter, même à coqueter quelquefois.
Aux passages du balcon, pris d’assaut, les jumelles braquées tiraient à feux plongeants dans les baignoires : des portes battaient dans le pronenoir, plein d’allées, de venues, d’hommes en fracs, les mains aux poches, les coudes en dehors comme des anses. Et, parmi la bourdonnante symphonie des parlottes, le cri des marchands de programmes détonnait.
L’air sévère, l’huissier du foyer des artistes venait de se rasseoir, après une courbette, lorsque quelqu’un, qui s’approchait, le jeta debout, très humble, l’échine ployée, et un petit jeune homme, blond fade, prétentieusement étriqué dans sa mise, la moustache poisseuse troussée brin par brin à l’antique, demanda de son peu de voix :
– Le duc est là ?
– Monsieur le général Jarry, duc de Varèse ? fit l’huissier, détachant ses mots. Non, monsieur le vicomte.
– Ah ! monsieur de Ronserolles, vous allez pouvoir me dire..."
Le duc de Varèse est une figure du Paris mondain. Il est "victime" des cancans journalistiques. Dépensier, il est au bord de la ruine et sa mère, la "maréchale", refuse de lui porter la moindre assistance. Quelles sont les solutions du duc pour s'en sortir ? Hériter ? Marier sa fille ?