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La peau sur les mots : correspondance M.B. Lupa et H.B. Murdos

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Connexion entre deux Ă©crivains. Une Ɠuvre Ă  deux voix, magistrale !

D'octobre 2004 Ă  mai 2007, alors que celui-ci Ă©tait emprisonnĂ© Ă  Fresnes, Hafed Benotman - alias H.B. Murdos - et Brigitte Guilhot - alias M.B. Lupa - ont entretenu une correspondance intense ponctuĂ©e de rendez-vous au parloir qu'ils appelaient le cube. Entre recueil poĂ©tique et rĂ©cit fragmentĂ©, La Peau sur les mots rassemble des extraits intimes de cette correspondance passionnĂ©e de haute volĂ©e littĂ©raire. Il y a chez ces deux-lĂ  une fascination rĂ©ciproque nĂ©e de l'Écriture, un "Jeu du Je" en miroir si puissant qu'il traverse les murs de l'enfermement et touche leurs corps. C'est un ballet intime d'une Ă©rotisation et d'une sensualitĂ© exacerbĂ©es par l'attente de la distribution du courrier et des face-Ă -face entre les quatre murs du cube.

J’attaque la mĂ©moire de tes lettres. Je les relirai en piochant dans l’une et l’autre comme on picore un buffet Ă  volontĂ©, durant les heures que nous allons passer ensemble et sur le cĂŽtĂ©, je mettrai mes rĂ©ponses comme des petits os, de fines arĂȘtes ou des noyaux d’olive. J’aime bien t’écrire de cette façon, en me remĂ©morant quand bien mĂȘme rien ne m’interdit de vĂ©rifier que tu abordes bien tel ou tel sujet. J’aime bien aussi quand l’écriture m’attrape et me met au pied de ton mur et que je sais que c’est maintenant que je vais partir Ă  t’écrire en passe-muraille.

J’aime bien, toujours plus, t’avoir dans mes pattes, te sculpter en te malaxant les Ă©paules, en saisissant un bout de toi, un morceau de ta chair. J’aime ça, tu vas bien Ă  mes mains. En t’écrivant cette phrase simple, je suis en Ă©tat d’éborgner d’une seule Ă©rection tous les geĂŽliers du monde. H.B. Murdos

J’aime la façon dont tes doigts me sentent, me dĂ©codent, me mesurent, m’analysent, me devinent...

Je ne suis rivale d’aucune femelle. Si j’ai un territoire amoureux Ă  dĂ©fendre, j’écris un livre. Et si tu me fuis, j’écrirai encore plus sans me soucier de pour quoi et pour qui tu me fuis. Je prends ma vie comme une matiĂšre que je travaille pour en faire des mots, des poĂšmes et des idĂ©es et je me sers de qui je suis pour donner Ă  voir Ă  celui ou celle qui me lira quel ĂȘtre il ou elle est. C’est pour cela qu’à partir d’aujourd’hui mon nom est M.B.Lupa, car ma vie n’est qu’un matĂ©riau au service de l’Écriture. M.B. Lupa