Récemment, un syndicat étudiant estimait qu’aujourd’hui « 40 000 étudiant(e)s se prostituent en France ». La cause première en est la précarité croissante et la cherté de la vie étudiante. Cette étude, menée en 2006-2007, remplie de témoignages réels, est une description vivante de la nouveauté de cette forme de prostitution. Elle s’exerce discrètement, occasionnellement, indépendamment, à partir d’Internet, essentiellement par des jeunes femmes étudiantes qui se font appeler « escortes ».
L’enseignement de ce livre est double : d’une part, si la prostitution étudiante est d’abord liée à une situation économique précaire et des parents aux revenus modestes, elle peut être parfois vécue comme le moyen de s’émanciper d’une sexualité cadrée, d’une vie trop lisse ou encore de prendre une « revanche » sur le mythe du Prince charmant. D’autre part, cette prostitution diffère de la prostitution dite « traditionnelle » : sélection des clients, atmosphère « complice », socialisation par les différences générationnelle et de classe sociale…
Reste que pour ces étudiantes, le « choix » de se prostituer reste tributaire d’une série de cassures sociales et représentatives, fréquemment liées au pouvoir de l’argent, à l’attrait de certains signes matériels de richesse, et également à une double domi-nation : masculine et socio-économique.