« C'est un carnet de voyage au pays que nous irons tous habiter un jour. C'est un rĂ©cit composĂ© de choses vues sur la place des villages, dans la rue ou dans les cafĂ©s. Câest une enquĂȘte tissĂ©e de rencontres avec des gens connus mais aussi des inconnus. Câest surtout une drĂŽle dâexpĂ©rience vĂ©cue pendant quatre ans de recherche et dâĂ©criture, dans ce pays quâon ne sait comment nommer : la vieillesse, lâĂąge ?
Les mots se dĂ©robent, la maniĂšre de le qualifier aussi. Aurait-on honte dans notre sociĂ©tĂ© de prendre de lâĂąge ? Il semble que oui. On nous appelait autrefois les vieux, maintenant les seniors. Seniors pas seigneurs. Et on nous craint â nous aurions paraĂźt-il beaucoup de pouvoir dâachat - en mĂȘme temps quâon nous invisibilise. Alors que faire ? Nous mettre aux abris ? SĂ»rement pas ! Mais tenter de faire comprendre aux autres que vivre dans cet Ă©trange pays peut ĂȘtre source de bonheurâŠ
Plus de cinquante aprĂšs lâouvrage magistral de Simone de Beauvoir sur la vieillesse, je tente de comprendre et de faire Ă©prouver ce quâest cette chose Ă©trange, Ă©trange pour soi-mĂȘme et pour les autres, et qui est lâessence mĂȘme de notre finitude.
« Tu as quel Ăąge ? » Seuls les enfants osent vous poser aujourdâhui ce genre de questions, tant le sujet est devenu obscĂšne. A contrario, jâessaie de montrer que la sensation de lâĂąge, lâexpĂ©rience de lâĂąge peuvent nous conduire Ă une certaine intensitĂ© dâexistence. Attention, ce livre nâest en aucun cas un guide pour bien vieillir, mais la description subjective de ce que veut dire vieillir, ainsi quâun cri de colĂšre contre ce que la sociĂ©tĂ© fait subir aux vieux. La vieillesse demeure un impensĂ©. Simone de Beauvoir avait raison : câest une question de civilisation. Continuons le combat ! » L. A.