« Ton grand-père nous avait, pour la première fois, parlé comme à des hommes en lesquels il fondait tous ses espoirs... Oui ! Ce fut un moment inoubliable. Il nous avait logé dans la tête l'idée de construire une huilerie au milieu de nos terres. “Souviens-toi de notre serment !” me rappela mon forban de frère, conscient de ma faiblesse quand il s'agissait de faire plaisir à notre père. “Te rends-tu compte de sa fierté et de l'abondance de bénédictions qu'il ferait pleuvoir sur nous ?”me fit-il remarquer. En ce temps-là, cette industrie n'existait pas dans notre région ; elle représentait donc un véritable trésor pour celui qui la concrétiserait. » Pour réaliser le vœu de son père au pays, Mouloud confie son fils Samir à Achour, l'aîné de la fratrie, parti faire fortune à Paris. Élevé par son oncle, l'enfant reçoit une éducation hybride. En 1973, menacé d'expulsion, le jeune homme doit retourner en Algérie. Entre le poids d'un héritage culturel et le mauvais œil qui le guette, Samir peut-il renouer avec les traditions kabyles et les coutumes de sa famille ? Rabah Boudaoud fait de ce récit d'après-guerre une excursion entre deux mondes, ancrée dans la réalité de l'époque.