Un crĂ©dule doublĂ© dâun imbĂ©cile va commettre un crime pour honorer la prĂ©diction dâun charlatan...
« ...quand M. Podgers vit la main de lord Arthur, il devint Ă©trangement pĂąle et ne souffla mot. Un frisson sembla passer sur lui. Ses grands sourcils broussailleux furent saisis dâun tremblement convulsif dâun tic bizarre, irritant, qui le dominait quand il Ă©tait embarrassĂ©. Alors, quelques grosses gouttes de sueur perlĂšrent sur son front jaune, comme une rosĂ©e empoisonnĂ©e, et ses doigts gras devinrent froids et visqueux. Lord Arthur ne manqua pas de remarquer ces Ă©tranges signes dâagitation et, pour la premiĂšre fois de sa vie, il Ă©prouva de la peur. Son mouvement naturel fut de se sauver du salon, mais il se contint. Il valait mieux connaĂźtre le pire, quel quâil fĂ»t, que de demeurer dans cette affreuse incertitude.
â Jâattends, monsieur Podgers, dit-il. »
Cette farce Ă retournement est servie par le style dâOscar Wilde, fait dâesprit et de malice. Parfois de cruautĂ© sous des dehors plaisants. Wilde sâempare dâun personnage de chiromancien qui, â câest bĂȘta, nâest-il pas ? â nâa pas prĂ©vu son propre sort. Il le place au centre dâun dĂ©cor et dâune sociĂ©tĂ© aristocratique qui raffole de ces personnages so crasy mais quâelle mĂ©prise nĂ©anmoins copieusement. Nous sommes Ă la fin du XIX° siĂšcle, dans une Angleterre marquĂ©e par le long rĂšgne de la Reine Victoria qui pĂšse de tout son poids sur le couvercle des mĆurs. (extrait de lâavant-propos de Nigel Greyman)