Une famille nombreuse, deux parents, six enfants. À sa surface, des lézardes ordinaires : les tensions entre frères et sœurs, les préférences des parents… Dessous, des fractures qui menacent déjà de faire s’effondrer cet édifice, et ce sera les parents qui se séparent, les sœurs qui rompent toute attache, celle qui succombe à l’alcool. Et encore plus profondément, les précipices sur lesquels tiennent miraculeusement les êtres. Des êtres comme Marie, la sœur qui apparemment mordait la vie, mais que l’on retrouva suicidée, laissant derrière elle des indices vite censurés, seuls éléments qui permettraient de comprendre l’incompréhensible. "Le Livre à écrire", titre qui sonne comme un impératif. Et en effet, il faut, pour Constance, briser les tabous, dégager la vérité de la couche des non-dits et secrets qui la recouvre. Un mouvement de creusage et d’extirpation qu’elle applique non seulement à elle-même, mais aussi à Marie, la sœur disparue et comme bâillonnée. Au dit d’une femme qui se regarde en face et se reconstruit après des deuils successifs s’entrelace ainsi une autopsie familiale tout autant douloureuse que nécessaire, dans ce roman tout entier soutenu par une écriture de la libération.