Je suis nĂ© Ă MĂ©lakassabĂ©, une ville dâaucun continent, un rivage recevant tous les ocĂ©ans, simple ligne dâhorizon qui nâa pour obstacle que votre manque dâimagination. Je devine sa fin prochaine. Elle, auparavant si proche. Je la sens sâĂ©loigner et je ne peux rien faire quâattendre sa nuit derniĂšre. Elle qui ne ressemblait Ă rien, ressemble dĂ©sormais Ă toutes les autres. Je lui jette un dernier regard. La nuit pĂ©niblement la recouvre, elle n'est dĂ©jĂ plus qu'une ombre. Je la redessine, rĂ©invente ses contours, Ă©rige de hauts immeubles, fais tomber les barriĂšres, allume les rĂ©verbĂšres, ferme les contrevents. MĂȘme sâil nâen reste rien, jâaurais au moins su la fantasmer, un instant la protĂ©ger entre les parois de ma mĂ©moire.