En 1857, lors de la publication des Fleurs du mal, Baudelaire déclare que les artifices du style poétique sont un obstacle au développement d'une pensée qui a la vérité pour objet. C'est ainsi que naît le « Spleen de Paris », la série de poèmes en prose qui, partant des villes immenses et des mille destins qui s'y entrecroisent, tentent de trouver un langage qui puisse les exprimer, mais qui puisse aussi exprimer les remous d'une conscience vigilante dans laquelle ils se reflètent comme une expérience indélébile. Ce langage doit saisir l'insaisissable, il doit transformer la dissonance qui domine le Moderne, comme son trait le plus authentique et le plus tragique, en un chant de beauté qui s'élève au-dessus des brumes des rues, au-dessus de la lugubre forêt de pierre des toits et des mansardes qui assombrissent la ville.